Martin Cooper, l’inventeur du téléphone portable, ne s’en cache pas: les communicateurs de Star Trek constituaient une inspiration directe pour ce développement technologique. Ce n’était ni la première, ni la dernière fois qu’une invention cherchait à émuler un concept provenant de la science-fiction. La science-fiction a été un catalyseur technologique admirable durant le dernier siècle.
Elle doit maintenant devenir un catalyseur social tout aussi influent.
Culture du viol, racisme systémique, intégrisme religieux: il y a de ces tissus gangreneux qu’il nous faut confronter et amputer de toute urgence. Que l’on soit capable de nommer ces dérapages de notre modèle social constitue déjà un progrès, mais cela doit être la première étape menant à leur disparition.
La nature ayant horreur du vide, on ne peut pas se contenter d’éliminer les mentalités sociales toxiques. Il faut proposer mieux. Les bonnes intentions ne suffiront pas: la complexité du monde contemporain empêche de se réfugier derrière une pensée magique vertueuse éclipsant les véritables débats. Il faut accepter de révolutionner les pensées si nous voulons continuer d’avancer comme société.
La science-fiction fournit cet espace de réflexion à travers lequel il est possible d’imaginer de nouveaux modèles sociaux et interpersonnels. Ce n’est pas d’hier que de grandes plumes (pensons à Le Guin, Rochon ou Vonarburg) ont entamé cette exploration, mais les retombées de ces réflexions n’ont pas été aussi directes que pour les créations technologiques.
Cela ne doit pas nous surprendre. Beaucoup de nos institutions sociales sont le fruit de siècles (quand ce n’est pas de millénaires) de traditions. Même en effectuant le constat que certaines sont dépassées ou même carrément toxiques, on ne peut les remplacer aussi rapidement que l’on s’achète un nouveau téléphone.
Mais si, aujourd’hui, nous sommes capables d’imaginer mieux, cela sera au moins un pas dans la bonne direction.