Le congrès Boréal, une semaine plus tard

D’entrée de jeu, un petit avertissement: je suis impliqué dans l’organisation du congrès Boréal, et je fais partie du comité du prix Hommage visionnaire de la science-fiction et du fantastique québécois. L’éditorial d’aujourd’hui n’est donc pas écrit avec le regard de l’observateur extérieur, mais plutôt celui du participant actif.

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Il y a tout juste une semaine se terminait le congrès Boréal, le rendez-vous annuel des amateurs et professionnels des littératures de l’imaginaire. Boréal fêtait cette année ses 40 ans, et il est difficile d’imaginer célébration plus réussie. Ce fut un magnifique congrès, mélange de discussions sérieuses, de moments de folie et de rencontres chaleureuses.

Mais le plus satisfaisant était de constater à quel point une nouvelle génération de passionnés se sont appropriés le congrès. Certains, qui n’y venaient que pour la deuxième ou troisième fois, démontrait un attachement évident envers le milieu. C’est devenu leur milieu, et ils n’ont aucune hésitation à y prendre leur place.

Avec le recul des derniers jours, je réalise que nous avons célébré non seulement les 40 dernières années du congrès Boréal, mais aussi les 40 prochaines.

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Lors de ce congrès Boréal se déroula la remise du prix Hommage visionnaire de la science-fiction et du fantastique québécois à l’auteur émérite Daniel Sernine.

Il s’agissait de la quatrième remise de ce prix (les lauréats précédents étant Élisabeth Vonarburg, Esther Rochon ainsi que le regretté Joël Champetier), qui a acquis pour la communauté une importance toute particulière. L’Hommage visionnaire permet de célébrer les plumes marquantes qui ont façonné les littératures de genre au Québec.

En ce sens, la contribution de Daniel Sernine est sans équivoque. On lui doit en grande partie la professionnalisation du milieu, cet autodidacte ayant apporté une rigueur et une expertise qui ont accéléré le développement de la science-fiction et du fantastique québécois. Plus encore, son œuvre remarquable, en premier lieu Chronoreg ainsi que la magistrale Suite du temps, se distingue par sa richesse et sa profondeur.

Cette remise de l’Hommage visionnaire revêt pour moi une importance bien personnelle, les romans de Daniel Sernine ayant été des lectures marquantes lors de mon adolescence. C’est grâce à eux que j’ai pu prendre la mesure de la science-fiction qu’il était possible d’écrire en français, au Québec. Je me considère privilégié d’avoir contribué à lui rendre cet hommage.

L’importance de l’Hommage visionnaire ne se limite cependant pas au cercle des habitués du congrès Boréal. L’objectif de cette distinction littéraire est également de faire rayonner l’œuvre des auteurs lauréats à un public plus large. Effectuons un pas en ce sens à l’instant: si vous lisez ces lignes et que vous ne connaissez pas la fiction de Daniel Sernine, je vous invite à prendre le temps de lire deux nouvelles que nous avons publiées ici à la République: « Yadjine et la mort » et « Les amis de monsieur Soon ». J’ose espérer qu’elles vous donneront le goût de découvrir le reste de son œuvre.

Bonne lecture!