Bulletin Spécial Info-SFFQ – Karoline Georges, lauréate du prix Jacques-Brossard 2018

Saint-Denis, 4 mai 2018 – Au terme de ses délibérations, un jury de cinq membres a attribué le prix Jacques-Brossard 2018 à Karoline Georges, auteure du roman De synthèse publié par Alto. Le prix qui récompense chaque année l’auteur de la plus remarquable production dans les littératures de l’imaginaire lui a été remis lors de l’ouverture du congrès Boréal. 

De synthèse donne la parole à une femme qui a investi toute sa personnalité dans l’image. Retirée du monde réel et de ses semblables, coupée de tout contact humain direct, la narratrice ne vit plus désormais que dans un univers virtuel où elle se réinvente et se redéfinit sans cesse. L’agonie puis la mort de ses parents vont cependant la rappeler brutalement à la réalité des corps et des relations authentiques. Situé dans un avenir proche, le récit spécule sur la transformation de l’humain par la virtualisation de l’existence, telle qu’engendrée par les jeux électroniques, les médias sociaux et l’idolâtrie de l’image. Le jury a remarqué les qualités d’écriture de Karoline Georges, la précision et la clarté de son style, limpide, presque léger malgré la profondeur du propos, la délicatesse et la sensibilité dans l’expression des émotions les plus vives. Abordant des thèmes comme la filiation, la valeur de la vie, la mort et l’immortalité, l’auteure invite à la réflexion. Elle évite les clichés, actualise et renouvelle le genre en lui redonnant des racines dans l’expérience et l’actualité. 

Le finaliste Philippe Meilleur a charmé le jury avec Maître Glockenspiel (VLB éditeur), lauréat du prix Robert-Cliche remis à un premier roman, grâce à son inventivité, à la qualité de son écriture – qui rappelle Alfred Jarry et Raymond Roussel – et à la solidité de sa structure narrative. Avec un humour fin et soutenu, Meilleur a produit une allégorie opportune du Québec actuel.

Pascal Raud, l’autre finaliste, a donné deux nouvelles remarquables en 2017, confirmant ainsi une place bien méritée parmi la relève de la SFFQ (SF et fantastique québécois). Autant « Le caméléon » (Solaris no 202) que « Le cimetière » (Horrificorama, Six Brumes éditeur) démontrent de manière éloquente sa riche imagination, son écriture habile et sa grande maîtrise des techniques narratives.

Pour évaluer la production 2017 des 61 candidats en lice, le jury se composait de la critique, auteure et double lauréate du prix Jacques-Brossard (2010 et 2017), Martine Desjardins, de la professeure (Queen’s University, Kingston) Caroline-Isabelle Caron, de la fan et blogueuse Lisa Fiset, du cinéaste Roger Cantin et de l’essayiste, philosophe et professeur (Collège Ahuntsic) Philippe Saint-Germain. 

Doté d’une bourse de 3 000 $, le prix Jacques-Brossard est administré par la corporation Passeport pour l’imaginaire.