Le rapport signal sur bruit constitue un concept important dans le domaine des télécommunications. Il s’agit d’une mesure de la qualité d’un signal capté par un récepteur (une antenne, par exemple), en déterminant la proportion selon laquelle la puissance provient d’une véritable transmission (le « signal »), par opposition à l’ensemble de l’interférence qui y est emmêlé (le « bruit »). Trop de bruit et pas assez de signal: représentez-vous la neige sur un écran de télévision de notre pas si lointain passé analogique.
On peut transposer ce concept, pris au figuré, sur n’importe quel média. Vous vous installez pour lire le journal (mes exemples sont définitivement très 20ième siècle aujourd’hui); le contenu de l’éditorial peut constituer le signal que vous recherchez. La pleine page de publicité adjacente, le bruit. Bien sûr, cette évaluation est subjective: l’horoscope du même journal constituerait pour moi du bruit, mais votre appréciation peut varier.
Parlons médias sociaux, maintenant. Il devient difficile de nier que leur structure même encourage la propagation du bruit au détriment du signal. Au risque de sembler élitiste, définissons ici le signal comme tout contenu plus substantiel, et le bruit comme le superficiel ou le vide de sens (des mèmes rigolos jusqu’aux pièges à clics, en passant par les fausses nouvelles devenant virales).
La propagation d’une publication sur les médias sociaux dépend le plus souvent des réactions instantanées, par exemple les « j’aime » et les partages. Si une publication exige une lecture un peu plus poussée, elle risque d’être remise à plus tard, et la propagation vers de nouveaux lecteurs s’arrêtera rapidement. Une longue analyse poussée devient rarement virale.
Cette problématique revient fréquemment lorsqu’on s’occupe d’une publication telle que la République du Centaure. Le contenu que nous publions est rarement conçu pour une consommation immédiate: je ne m’imagine pas que, le 27 de chaque mois, vous mettez en veilleuse toutes vos activités pour lire notre nouvelle fiction sur-le-champ. On ne consomme pas un texte littéraire comme un tweet de Donald Trump (heureusement), il est bien normal d’attendre un moment approprié pour bien en profiter.
Comment pouvons-nous donc, comme magasine électronique, s’assurer que notre signal puisse rejoindre son public? Devrions-nous miser également sur du contenu court, qui incite à une réaction rapide, et qui se propagerait plus facilement?
En écrivant ces lignes, je suis tenté d’accompagner l’annonce de cet éditorial d’un mème quelconque, pour mesurer les réactions que ça provoque. Une fois, à la blague, ça pourrait aller, mais je ne crois pas que c’est l’image que nous souhaitons développer…
Je conclurai cependant en remerciant ceux parmi vous qui partagent notre contenu ou parlent de la République à leur entourage. Vous aidez plus que vous ne le croyez…