Debout sur le quai de la station Mont-Royal, il y a quelques jours, je me disais que le futur est un métro Azur.
Je m’explique.
Si nous imaginons à quoi ressembleront les villes des futurs, notre esprit se dirigera sans doute d’instinct vers ces représentations grandiloquentes et méconnaissables auxquelles la science-fiction nous a habitués: gratte-ciels démesurés, voitures volantes, architecture aux formes étonnantes…
Il faut cependant apporter un bémol important à ces images. La plupart du temps, une ville évolue organiquement: le nouveau y côtoie le vieux. Transporté à notre époque, un Montréalais du début du vingtième siècle serait surpris de découvrir le Stade olympique ou la Place Ville Marie, mais reconnaîtrait des pans entiers de la rue Saint-Denis. C’est ainsi que j’affirme que le futur est un métro Azur: ces wagons aux lignes volontairement futuristes parcourent des stations datant d’il y a un demi-siècle.
Bien sûr, l’histoire comporte des périodes où l’allure d’une ville se trouve radicalement transformée. Ainsi, sous le Second Empire, la ville médiévale qu’était Paris fut transpercée de grands boulevards rectilignes. Ces périodes peuvent généralement être considérées sous l’euphémisme d’être des “temps intéressants”.
À quoi ressemblera donc une ville telle que Montréal dans 50 ou 100 ans? À défaut de traverser une telle période de turbulence (ou d’élire un maire un peu trop porté sur le bulldozer, ce qui revient au même si on a le malheur d’être un des expropriés), elle risque de ne pas beaucoup s’éloigner de l’image qu’elle présente aujourd’hui. Bien sûr, le paysage aura évolué (déjà, plusieurs gratte-ciels sont actuellement en construction), mais probablement pas au point d’y être très dépaysés.
Quelle importance cette réflexion peut-elle avoir ? La science-fiction ne prédit pas le futur, mais elle l’influence certainement. Les développements tant technologiques que sociaux sont marqués par les modèles que nous nous faisons de l’avenir. En imaginant que le futur peut se construire dans le respect des communautés, nous développons les outils pour que nos villes puissent prospérer.
Bien sûr, il n’y aurait aucun mal à y ajouter des voitures volantes.