China-man versus le Troglodyte du Réso, de Luc Dagenais

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China-Man, China-Man

Est un être bien singulier.

En armure, il attend

D’attraper les brigands. Attention,

Car China-Man est là!

Il est fort, agressif.

Il a du sang monosodique.

Bubble-gun, bien en main,

Il englue tous les vilains. Attention,

Car China-Man est là!

Caractères rouges en police « coups de pinceau asiatiques » et perspective arrivant de la gauche: nom du héros et titre de l’aventure, China-Man versus le Troglodyte du Réso!

Pleine page sur l’agora du Complexe Desjardins, vue d’ensemble en plongée. Là où se trouve habituellement la fontaine, un décor hyperréaliste d’entrepôt portuaire glauque. Au centre, assis sur une caisse de « Farine de tapioca Cheng spécial importation grade A », China-Man, le superhéros du Chinatown de Montréal. Tout autour, des journalistes, des photographes et des fans, beaucoup de fans, jeunes et moins jeunes, asiatiques et moins asiatiques. Certains font la file pour se faire photographier avec leur idole, d’autres achètent des souvenirs à son effigie, les enfants grimpent sur lui, sur ses épaules, sa tête, ses genoux. Tous sirotent un thé aux perles Cheng. Clic, clic! Flash! Slurp!

Note de bas de case, tout en bas de la page: « Nos lecteurs se rappelleront — voir China-Man #1 — l’ironie néo-dadaïste très vingt-et unième siècle avec laquelle le neveu de l’oncle Wen a décidé de se réapproprier la veille appellation raciste qui est à l’origine du nom de notre superhéros. »

Page 2. China-Man. Son armure rouge et blanche arborant un dragon doré (aux couleurs de la compagnie Bubulles thé Cheng de Montréal inc., propriété de son oncle adoptif Wen) scintille de mille feux sous les flashs. Sous l’œil des caméras, il impose le respect, respire le calme et l’assurance.

Dessous la carapace par contre, c’est tout le contraire. Gros plan sur le visage du héros: il est en sueur, son cœur palpite, ses yeux fous se promènent d’un bout à l’autre de l’écran-vision intérieur de son casque, qui affiche son jeu vidéo de rôle en ligne multijoueurs préféré. D’ordinaire, ce casque lui tient lieu de war room miniature: l’ordinateur qui y est intégré est relié à plusieurs réseaux informatiques ainsi qu’à une dizaine de sites ou applications Web et lui sert l’information agrégée au moyen d’une interface de réalité augmentée. Mais, pour passer le temps entre deux poses, China-Man joue une petite partie.

Retour à l’extérieur, au personnage assis dignement sur sa caisse de bois, à l’endroit même où le père Noël se tenait il y a trois semaines. Ça fait bientôt trente minutes qu’il pose, changeant de position de temps en temps pour accommoder les photographes. Quel ennui! Dire qu’il en a encore pour une heure. En plus, la musique lounge qui joue dans ses écouteurs soi-disant pour le calmer, l’énerve. La partie de jeu vidéo terminée, il prend la position du penseur de Rodin – et pense, produisant de jolis phylactères. « Décidément, jouer au superhéros n’est pas si palpitant que l’oncle Wen me l’a fait miroiter. Depuis que j’ai nettoyé le quartier chinois de ses gangs de criminels, je passe le plus clair de mon temps en relations publiques. »

Flash-back et nouvelle case. La tête gigantesque de China-Man surplombe une scène sans décor: il se bat contre quelques vauriens. « Et quels criminels c’étaient! Ça m’a pris moins d’un mois à défaire la Triade de La Gauchetière. Les débusquer et les mettre en déroute a été un jeu d’enfant et depuis ce temps, rien. Si au moins j’avais pu en avoir des durs, des vrais, des tatoués, comme Romertà, l’héroïne d’Anjou-St-Léonard, en a chez elle. » Retour au gros plan sur le visage du héros, les yeux sont plus calmes, mais les traits sont torturés par une angoisse digne du meilleur Lichtenstein. « Dire que j’ai dû décliner l’offre du SPVM de venir en aide à d’autres superhéros de quartiers, comme Parc-Man de Parc-Extension. » China-Man se tourne vers vous, lecteur: « Ce que les policiers ne savent pas, et que personne ne doit savoir – jamais! –, c’est que je suis prisonnier du quartier chinois. »

Nouveau flash-back, dessins monochromes orange délavé. Note de bas de case: « Voir China-Man #1: Les origines ») Décor d’usine insalubre. Un garde-fou se brise, et un jeune homme asiatique fait une chute. « Mes super-pouvoirs, que j’ai acquis en tombant dans une cuve géante de glutamate monosodique liquide à la fabrique de l’oncle Wen, me viennent de ma nouvelle capacité à absorber le Qi ambiant; et le seul endroit à Montréal où il y en a assez pour décupler ma force, c’est dans le quartier chinois. » Toujours en mode flash-back, il s’extirpe de la cuve, en proie à d’atroces douleurs, les poings crispés, recroquevillé sur lui-même, ses nouveaux muscles saillants déchirant son uniforme, figé dans une pose digne de Lou Ferrigno ou d’une séquence de DragonBall Z. Son corps irradie le Qi qui circule dans ses méridiens. Il se relève enfin, transformé. Il crie, haut et fort: « Respect aux premiers Sino-Montréalais pour s’être installés à l’endroit le plus feng shui de l’île! »

Troisième et dernière case de réminiscence: le même jeune homme, dessinant le modèle de son armure, soudant les morceaux ensemble (« je suis diplômé de l’ÉTS tout de même! »), la baptisant avec du vin et de l’encens, tels les costumes de dragons utilisés pour les danses traditionnelles. « Il est hors de question que je porte du spandex en public. L’armure pimpée, c’est cent fois plus cool! »

Nouvelle page, cartouche: « Pendant ce temps, au sud du Chinatown… » Arrivant d’on ne sait trop où, un monstre sous-humain: teint blafard, muscles effilés, yeux injectés de sang, lèvre inférieure pendante laissant couler un épais filet de bave, tignasse hirsute (qui ferait l’envie de Rasta-Man, le superhéros jamaïcain œuvrant aux abords du métro Plamondon) tombant en bataille sur ses épaules. Le tout vêtu de loques couvrant stratégiquement les hanches. Il avance dans un couloir anonyme, aiguisant ses griffes sur la brique. Screeech! C’est une légende, un mythe, il s’agit de cet ouvrier qui, s’étant perdu dans les couloirs de la Place-Ville-Marie lors de sa construction dans les années soixante, n’est jamais parvenu à ressortir, depuis, du labyrinthe qu’est le Montréal souterrain. C’est…

Caractères rouges en gras et perspective s’éloignant vers la droite: le Troglodyte du Réso! Doum Doum Dooouuummm! Il a faim, il a la haine, et il se dirige vers…

Retour à notre héros encore plongé dans ses pensées négatives, néfastes pour son Qi et le feng shui ambiant. Un widget intempestif surgit dans le viseur de son casque, assombrissant toutes les autres fenêtres: une urgence est signalée dans son périmètre d’action, quelque chose ne va pas au complexe Guy-Favreau! Incrédulité, sourire et phylactère à appendice en petites bulles: « Je n’arrive pas à y croire, le Troglodyte du Réso se manifeste enfin à portée de poing. »

« En plus de s’en prendre aux vieillards qui glandent habituellement là-bas comme des ados désemparés, ce supervilain risque de faire des dégâts dans les infrastructures; tôt ou tard, il endommagera mon équipement de surveillance ou la porte d’entrée secrète de mon repaire. » Intermède, case reposante avec musique de supermarché, ne nous montrant qu’une porte anonyme, mais qu’on sait être la porte secrète du repaire de China-Man, en plan trop serré toutefois pour qu’aucun détail ne nous permette de la localiser précisément.

« Décidément, si le Troglo frappe au Favreau, il faut faire quelque chose. Il est temps de passer à l’action! » D’un mouvement sec, il se lève. Contre-plongée montrant China-Man en gloire!

Un enfant juché sur ses genoux part en vol plané. Arrêt sur image, tout le monde est figé sur place, les verres de thé aux perles glissent des doigts des fans et des photographes ahuris et s’écrasent par terre. Très gros plan dramatique du thé s’épandant sur le sol, placement de produit sur le logo de Bubulles thé Cheng de Montréal inc.

Point d’interrogation gigantesque au-dessus de la tête de China-Man. « Qui est-il, d’où vient-il, cet incroya… » Heu, non… « Que se passe-t-il? Pourquoi la femme qui lui faisait les yeux doux il y a deux secondes crie-t-elle maintenant comme une damnée? » Lorsqu’il passe à la case suivante, il aperçoit le morveux qui gesticule dans le vide, sur le point de redescendre s’écraser au sol, et comprend enfin. D’un bond dont lui seul est capable, il saute, attrape le marmot et effectue une pirouette dans les airs avant d’atterrir gracieusement sur ses deux pieds.

À la vue de cet exploit surhumain, la mère reprend illico sa production de phéromones à haute teneur repro-séductive et lui sourit, pâmée. Les applaudissements fusent. D’une main, China-Man remet le bambin à la mère, leurs regards se croisent. Pendant au moins deux cases, il est pris au piège des phéromones! « Elle est… très jolie… J’aurais… vraiment… le goût de… » En faisant appel à toute la force de sa volonté, il s’extirpe des effluves qui s’enroulent autour de lui telles des spirales colorées d’un effet ultracliché. De sa main libre, grâce au distributeur automatique miniature intégré à son poignet, il lui donne une carte professionnelle avec son numéro de cellulaire, deux adresses courriel, les adresses de ses comptes Facebook, Flickr, Goodreads, Instagram, LinkedIn, Renren, Snapchat, Tinder, Tumblr, Twitch et Twitter.

Violence, sexe, gloutonnerie; notre superhéros se repasse en accéléré les vidéos de sécurité du Réso montrant les frasques du Troglodyte et consulte aussi toutes les archives numérisées auxquelles il a accès pour avoir un portrait complet de l’adversaire. Mosaïque de cases pêle-mêle, images télé granulées, photos et coupures de journaux où la bête apparaît en train de se livrer aux pires excès.

Retour à une succession de cases plus traditionnelles: le monstre gravit un escalier roulant qui débouche sur le hall central du complexe Guy-Favreau. Il hume l’air, ses narines frétillent: elles captent des odeurs de personnes âgées, de camphre et de cinq-épices. Il a faim de chair humaine! Une fois en haut, il s’élance sur les vieux avec un grognement de plaisir. China-Man doit l’affronter tout de suite. Il n’a plus le temps d’élaborer de fines stratégies. Il affiche une carte 3D du Réso dans son casque, géolocalise l’ennemi. Son war room estime qu’en courant à toute vitesse et en défonçant les portes de verre coulissantes en chemin, il rejoindrait le monstre avant que celui-ci ait le temps de faire trop de dégâts. Il s’élance, ne laissant que des tirets de mouvement derrière lui. Attention, car China-Man est là!

Arrivée sur les lieux, panoramique. D’un côté, dans l’ombre d’une des colonnes de briques bordant l’espace central du complexe, le Troglodyte. Il tient dans ses griffes une vieille Cantonaise qu’il s’apprête à dévorer tout rond. De l’autre, cohue et cacophonie de vieux; certains tentent de fuir, d’autres essayent bravement d’affronter la bête, quelques-uns se disputent entre amis à savoir lequel a le meilleur kung-fu.

China-Man réfléchit à toute vitesse: pour gagner l’initiative dans le combat, il décide d’utiliser tout d’abord son superpouvoir d’aphorisme chinglish, qui désoriente et désarçonne ses adversaires. Lorsqu’il l’utilise, tout ce qui sort de sa bouche est digne des pires menus de restaurant de La Gauchetière ou du traducteur automatique Google Translate. Il pond alors des phrases si mal construites que celui qui les entend voit ses processus cognitifs temporairement déconstruits, se retrouvant pantois et sans défense pendant de précieuses secondes que le superhéros met à profit. Et ça marche à tous les coups!

Ensuite, il en ira d’un bon coup de poing dans la figure. Ça non plus, ça ne rate jamais, c’est un message universel et intemporel, le premier signifiant-signifié arbitraire de l’humanité. D’une commande oculaire, China-Man efface le diagramme de linguistique structuraliste apparu dans son écran-viseur et en arrière-plan de sa case.

Pendant ce temps le Troglodyte, la vieille sous le bras, l’observe. Aux aguets, il longe le périmètre de la place surplombée d’une immense baie vitrée, en prenant soin d’éviter les rayons de soleil qui y pénètrent. Il ne quitte pas des yeux l’apparition en armure. Il évalue s’il doit fuir ou combattre. Dommage que le format de notre BD ne nous permette pas un panoramique 1:75 digne d’un western spaghetti; ça aurait été du meilleur effet pour rendre la tension qui est à couper au couteau.

Mais assez tergiversé, il est temps de passer à l’action. China-Man ferme toutes ses applications web en cours, tasse les vieux avec le plus de ménagement possible, c’est-à-dire pas beaucoup, monte au maximum le volume du mégaphone intégré à son casque et lance un aphorisme chinglish de grand cru: « Troglodyte! Quand quelqu’un cheminée après bon, apprendre à délicieux; quand cheminée tigre, un à délicieux mordre. »

Gros plan sur le visage de la créature, tremblement de la lèvre inférieure, larme au coin de l’œil qui vibre et brille sous les néons: il y a si longtemps que personne ne lui a adressé la parole! Bien qu’il ne comprenne plus le sens des mots, ils remuent toujours quelque chose en lui. Son agressivité tombe, il est prêt à redevenir humain, à retrouver sa femme, ses enfants, qu’on le ramène à la surface, que la vitamine D renverse l’atavisme qui le gouverne depuis des années. Il n’a besoin que d’un peu de chaleur humaine, de consolation, d’un ou deux, ou même trois gros câlins, que… À la place, il reçoit le pied de China-Man (dont on ne voit que le genou et le mollet, fort bien sculpté, mesdames) en pleine poitrine; un coup de pied de côté sauté qui aurait défoncé les côtes de tout autre que notre monstre, cette montagne de muscles.

Sous l’impact, délimité par un effet d’éclat blanc, la bête, un peu sonnée, recule et échappe son dîner, qui s’affale au sol. Aussitôt, l’adrénaline libère sa rage primale et le prépare au deuxième assaut du superhéros du Chinatown. Il évite un premier jab dirigé vers sa figure à une vitesse folle, et un deuxième, et un troisième! Il saisit China-Man à bras le corps avant que celui-ci ait le temps de lui administrer un coup de poing circulaire à la mâchoire. Dans un effort surhumain – Raaaaheugh! –, il soulève notre héros, lui arrache le bras droit (l’armure seulement; ne vous en faites pas, le vrai bras est intact), et le projette au milieu de la place, espérant que le soleil le brûle. Peine perdue. China-Man se relève, quoiqu’avec difficulté. De son armure, sectionnée au niveau de l’épaule, des étincelles jaillissent.

Nouveau plan d’ensemble en plongée, positionnant le Troglodyte en retrait dans l’ombre d’une colonne, la vieille à ses pieds, China-Man au milieu de la place, au soleil, et les vieux qui font cercle, en bordure de l’image.

« Mieux vaut ralentir la bête avant de réengager le corps à corps », se dit China-Man, phylactère en nuage à l’appui. D’une simple pensée, il ordonne à son armure d’éjecter son bubble-gun mitrailleur à huit canons, chargé de balles de tapioca ultracollantes, du compartiment spécialement aménagé sur son avant-bras restant, vise et mitraille le torse du monstre qui se retrouve vite recouvert de ces délicieuses perles noires et collé au mur derrière lui. Le monstre rugit de plus belle, hurlant une longue plainte sous-humaine chargée de rage et de désespoir. Il n’a aucune chance contre ce fusil propulsant quelques milliers de perles à la minute.

China-Man pourrait continuer à coller la bête au mur, mais les policiers ont fait irruption sur les lieux, suivis des journalistes et des photographes arrivant du Complexe Desjardins où ils se trouvaient. Même l’hélicoptère de TVA, qui survole à basse altitude la baie vitrée à la chasse aux images prime time, est de la partie. Pour faire bonne figure et augmenter ses cotes d’écoute, China-Man range son fusil, déclenche son auto-injecteur d’énergie drink concentré qui le shoote dans la cuisse et se rue sur le monstre.

Dans une longue case en travelling latéral où il se retrouve dessiné à cinq ou six reprises, à des moments successifs de son mouvement, il enchaîne quelques flips altos arrière tendus (à rendre HoMaRIO, le superhéros de la Régie des installations olympiques, jaloux) enchaînés d’un coup de pied arrière retourné en finale en direction du monstre, écrasant la tête du pauvre Troglodyte, paniqué et englué, contre le mur de béton avec une force telle que même ses rastas n’amortissent pas le choc.

La bête s’effondre au sol; la pièce est jouée. Les vieux affluent dans le hall, une foule d’aînés comme on n’en a jamais vu de mémoire de fonctionnaires fédéraux, et soulèvent China-Man de terre. Ils scandent « China-Man jiayou! Bubulles Cheng jiayou! », « Vive China-Man, vive les Bubulles Cheng! »

China-Man se laisse emporter, la scène fera quelques bons clichés (cases à bordure en polaroïd à l’appui) pour les journaux. Les caméras de sécurité ont sûrement capté tout son combat; il ne lui restera plus qu’à récupérer les images et les vidéos pour YouTube et Flickr. Il devra aussi tweeter sa victoire et mettre à jour son statut Facebook… Son oncle serait content cette fois, lui qui lui avait reproché d’avoir défait le monstre du Saint-Laurent trop rapidement l’été passé, dans un conduit d’égout isolé et inaccessible aux caméramans et aux journalistes (non, pas de flash-back à ce moment-ci du récit, malheureusement)… Qu’ils étaient utopiques les comics de son enfance où les superhéros n’avaient aucune contrainte! Mais il aura bien le temps de faire tout ça plus tard; pour l’heure, il prend le temps de savourer sa victoire, l’amour et l’admiration de ses fans.

FIN

Parlant d’amour, où est donc cette femme envoûtante aperçue plus tôt au Complexe Desjardins? Serait-ce cette chimiste au regard fou et machiavélique, en sarrau dans son laboratoire secret, qu’on voit, dans la dernière case tout en bas à droite de la page, s’affairer à décoctions et parfums à base de nanophéromones surpuissantes? Et ce nabot à ses côtés, est-ce l’enfant que China-Man tenait plus tôt sur ses genoux, ou bien un androïde diabolique? À suivre…


Première publication: Moebius 134, 2012.

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