Éditorial: Bâtir des ponts

Lors d’un échange de courriels récents, Yves Meynard (co-auteur de la fiction de ce mois-ci) me mentionnait qu’il s’apprêtait à visiter Readercon, une importante convention américaine de littérature de science-fiction. Yves y est un visiteur régulier depuis bon nombre d’années.

À cet égard, Yves ne constitue pas une exception. La génération d’auteurs de SFFQ à laquelle il appartient a toujours été très au fait des milieux littéraires anglophones. Cela se traduisait non seulement par la visite de conventions, mais également par des influences littéraires bien documentées. Certains, tels que Élisabeth Vonarburg ou Jean-Louis Trudel, ont développé des réseaux dans la communauté de science-fiction internationale.

La plus jeune génération d’auteurs de SFFQ ne possède pas le même engouement pour ce qui se passe à l’extérieur de nos frontières. De manière générale, ils lisent très peu de littérature de genre anglophone, exception faite des bestsellers incontournables comme Game of Thrones. Je ne peux pas entièrement les blâmer: le milieu de la SFFQ est aujourd’hui florissant comme il ne l’était pas en 1980: il existe tout un corpus d’œuvres québécoises à découvrir (la République n’existerait pas autrement) et la production annuelle est impressionnante.

Le risque d’un trop grand repli sur soi-même est cependant réel pour la SFFQ. Interagir avec les derniers courants et les dernières idées de la science-fiction internationale peut être très enrichissant pour les auteurs québécois – et ceux-ci ont également une contribution à y apporter.

Le fruit est mûr pour développer davantage de liens entre les auteurs d’ici et de l’extérieur. Il m’apparaît que des efforts devraient être mis en priorité du côté des pays francophones européens.

En ce sens, applaudissons certaines initiatives récentes. La revue Solaris remettra cette année le premier prix Joël Champetier, destiné aux auteurs francophones de l’extérieur du Québec – espérons que le lauréat soit par la suite invité au Congrès Boréal! Les éditions Alire ont de plus gagné leur place parmi les invités des principales conventions françaises. Leur délégation aux récentes Imaginales comprenait d’ailleurs deux noms importants de la génération montante, Philippe-Aubert Côté et Jonathan Reynolds.

Cela étant dit, ce sont les initiatives numériques qui peuvent le plus facilement permettre les échanges entre les continents en faisant fi de la distance. La communauté francophone de science-fiction accuse malheureusement un retard dans cette direction. Je ne veux cependant pas terminer sur une note pessimiste. Au contraire, je vois dans la situation actuelle un nid d’opportunités que les créatifs et les audacieux sauront explorer.

Un commentaire sur “Éditorial: Bâtir des ponts

  1. Gen

    Hum… Attention : la « jeune génération » (dont je suis) lit énormément de livres anglophones et Français (et pas juste les best sellers… même si, oui, on aime Game of Thrones! ;). Cependant, contrairement à la génération précédente, nous n’avons pas besoin de sortir de nos frontières pour rencontrer des gens qui nous ressemblent, de là, peut-être, l’impression de repli. Cela dit, c’est la faute au milieu de la SFFQ : s’il n’était pas déjà si prenant, on aurait le temps d’aller ailleurs! hihihihihi! 😉

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