Éditorial: Radio-Canada, où est ma littérature?

Le lancement de la République du Centaure est dédié à la mémoire de Joël Champetier, décédé il y a quelques jours à peine. Avec son départ, le milieu de la littérature de science-fiction et de fantastique québécois perd l’un de ses plus importants piliers. Son accueil, son support et sa générosité ont permis à beaucoup d’entre nous de s’y développer. Merci pour tout Joël.

A-t-on peur de la littérature? Si on en parle à la radio, le topo ne devra pas durer plus de cinq minutes, et parlera davantage d’anecdotes sur l’enfance de l’auteur que des thèmes de son œuvre. Si un quotidien publie un texte littéraire, il s’agira d’une occasion spéciale, probablement un petit conte de Noël léger et inoffensif.

On ne semble pas réaliser que, par définition, les passionnés de littérature possèdent une bonne durée d’attention.

Nous croyons qu’il convient de poser clairement la question: pourquoi nos diffuseurs publiques ne publient-ils pas de littérature sur Internet? Les dernières années ont vu naître quelques initiatives intéressantes, mais on attend toujours le toit permanent qui abritera les projets littéraires. Avec un minimum de ressources, nous pourrions voir naître de larges collections de nouvelles, d’essais et de poésie, s’adressant tant aux lecteurs néophytes qu’aux amateurs confirmés. Radio-Canada, Télé-Québec, où est ma littérature?

En parallèle, on ne peut ignorer le climat social et politique actuel. Car personne n’est dupe. Lorsque la direction de Radio-Canada parle de son « virage numérique », il ne s’agit que d’un prétexte pour sabrer dans les ressources de l’institution. On cherche très peu à explorer les réelles possibilités des nouveaux médias. Que des émissions de télévision puissent être écoutées sur sa tablette, certes, cela est très bien. Mais il y aurait tellement plus à faire pour mettre en valeur la culture québécoise.

La République du Centaure vise, en toute modestie et avec les moyens du bord, à combler ce manque. Du moins en partie: notre créneau sera celui des littératures de l’imaginaire. Et nous croyons que vous serez au rendez-vous pour lire les textes que nous vous proposerons.

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L’objectif premier de la République du Centaure est de diffuser des nouvelles littéraires québécoises de science-fiction et de fantastique. Nous irons puiser dans le large corpus déjà existant pour vous offrir un texte par mois. Ainsi, nous pourrons donner une seconde vie à des nouvelles qui ne sont souvent plus disponibles depuis des années. Tout cela n’est que le début: du contenu supplémentaire viendra enrichir le magazine dès l’automne.

Les textes seront offerts gratuitement. Nous voulons qu’ils soient lus par le plus grand nombre, et cette option permet la plus grande diffusion possible. Cependant, la République du Centaure rémunérera tous ses auteurs de fiction – ce principe n’est pour nous pas négociable.

C’est pour cette raison que nous sollicitons vos dons. Si vous aimez ce que vous lisez, si vous voulez contribuer à une nouvelle plate-forme de diffusion littéraire, n’hésitez pas à nous envoyer quelques dollars (ou euros, ou dirhams – là-dessus, nous sommes très ouverts, et nos textes sauront vous plaire où que vous vous trouvez dans la francophonie). À l’heure où j’écris ces lignes, la campagne de financement des Éditions Six brumes (auquel appartient ce magazine) est toujours en cours. Après la fin de celle-ci, il vous sera toujours possible de nous acheminer le montant qu’il vous plaira. Ceux qui contribuent 10$ ou plus recevront par courriel les textes une semaine avant leur publication sur le site. De plus, du contenu exclusif leur sera envoyé plus tard dans l’année.

Nous désirons d’ailleurs remercier le magazine Brins d’éternité, notre premier commanditaire officiel.

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Notre première publication est un texte audacieux provenant de la plume de Luc Dagenais. « La vie des douze Jésus » a été publié initialement dans la revue Solaris; cette nouvelle a d’ailleurs remporté le prix Solaris 2009. Bonne lecture!